Préférer les autres à soi-même (partie 2)

Dans le recueil Muslim Show #1, une scène nous montre que la générosité apparente est relative. En effet, un millionnaire qui donne un euro, n’est pas semblable à celui qui en possède deux et offre la moitié de ses biens. D’ailleurs, comment en arriver à offrir la moitié de ce qu’on possède, ou plus ? Nous avions annoncé, dans l’article Préférer les autres à soi-même (partie 1), des anecdotes à venir et permettant de comprendre d’où provient un tel degré de sacrifice. En voici quelques-unes…

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Il a fallu peu de temps pour que l’impact de l’Islam sur les durs bédouins de la péninsule arabique en fasse l’élite de l’humanité. Les enseignements du Prophète ﷺ ont bouleversé leur conception des choses, et ils ont été éduqués au contact du meilleur des exemples.

La foi complète a ses caractéristiques

« Aucun d’entre vous n’est un véritable croyant¹ tant qu’il n’aime pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même ! » n’est pas un simple slogan élaboré en vue de séduire un électorat aussi désemparé qu’indécis ; c’est une croyance, un idéal à atteindre et un chemin emprunté avant quiconque par celui qui l’indique. Et les textes allant dans ce sens en Islam sont très nombreux.

Le meilleur des exemples

Une femme se présenta au Prophète ﷺ avec un manteau qu’elle avait tissé pour lui. N’ayant pas de quoi se couvrir suffisamment, il l’accepta. A peine posé sur ses épaules qu’un homme lui demanda de le lui donner. Il acquiesça, l’ôta de son dos – qu’il avait pourtant grand besoin de couvrir – s’assit, plia ce manteau neuf, spécialement confectionné pour lui, et le fit porter au demandeur. Tout cela, sans hésiter l’ombre d’un instant.²

Il était parfois tellement touché par la faim ﷺ qu’on pouvait l’entendre au son de sa voix, et qu’il callait des pierres avec sa ceinture afin de compresser son estomac. Malgré cela, lorsqu’on l’invitait dans ces moments difficiles, il n’hésitait pas à convier ses Compagnons et ne mangeait pas avant de s’être assuré qu’ils étaient tous rassasiés.³ De même, lorsqu’on lui offrait du lait, il n’acceptait pas ce cadeau sans que les nécessiteux n’en reçoivent une part de la sienne.⁴

Pour saisir le sens profond de cette abnégation,⁵ revenons au récit rapporté par son épouse ‘Âïchah (qu’Allah l’agrée). Un jour, alors qu’ils avaient sacrifié une brebis et donné la quasi-intégralité de celle-ci en aumône, il lui demanda ce qui leur en restait, elle répondit : « Il ne reste que l’épaule ! ». Afin de l’éduquer et qu’elle transmette après lui cette information capitale, il rétorqua : « Il reste l’intégralité de la brebis, sauf l’épaule ! » Nous enseignant ainsi que ce qu’on donne sincèrement de nos biens ici-bas pour plaire à Allah – Exalté soit-Il, n’est pas perdu. Bien au contraire, quiconque donne sincèrement à cette fin en sera largement rétribué dans l’au-delà ; quant à ce qui n’est pas donné en aumône, ce n’est pas ce qui nous reste, en réalité.

Et c’est en vivant de tels récits que la conception des choses qu’avaient les Compagnons a été bouleversée. Aux côtés du Prophète ﷺ, ils ont compris que « Préférer les autres à soi-même » c’est investir pour l’au-delà et que ce qu’on donne de bonne foi, c’est ce qui nous reste réellement. 

Dans la partie 3 de cet article, tu découvriras à quel point les Compagnons (qu’Allah les agrée) ont compris la leçon. Tu t’étonneras de voir à quel degré ils ont élevé la mise en pratique, et pourquoi – après lui ﷺ – ils sont et resteront nos modèles.

Aboû Aḥmad

1. Croyant au sens complet du terme, d’une foi sans manquement. ↩︎
2. Al-Boukhârî (2093). ↩︎
3. Al-Boukhârî (4101, 3578) ; Mouslim (2039, 2040). ↩︎
4. Cf. Al-Boukhârî (6452) et son explication Fatḥ Al-Bârî de Ibn Ḥajar ; Mouslim. ↩︎
5. Renoncement, sacrifice volontaire, consenti dans un intérêt supérieur et portant sur (une partie de) soi-même ou sur une valeur qui représente généralement un intérêt, une ambition, une satisfaction légitimes, etc. ↩︎