L’importance d’apprendre le Tawḥîd

Cette image du recueil Muslim Show 15 ans : « Tirons un trait sur notre époque », évoque un sujet toujours aussi tristement d’actualité : les fausses croyances. Selon leur degré de gravité, elles vont d’empiéter la complétude de l’adoration du musulman, à le faire sortir de l’Islam. Et pourtant… 

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Le combat est ailleurs ?

Lorsque tu parles de l’importance du Tawḥîd¹ et de la gravité du Chirk² à certaines personnes, tu sens comme un regard condescendant sur toi de leur part. Pour eux, tu viens d’une autre époque. C’est comme si cet appel n’était destiné qu’aux idolâtres de la péninsule arabique de l’époque de la Révélation et qu’aujourd’hui la communauté musulmane avait dépassé ce stade. Elle devrait donc plutôt se tourner en direction des « vrais » problèmes, car – selon eux – c’est « ailleurs » que se trouverait Le combat.

Leurs arguments

« De nos jours, on n’adore plus les statues ! » diront certains ; « Ce n’est rien ça ! Ce mausolée que tu vois, c’est culturel mon frère ! Ça n’a rien à voir avec la religion, un peu de souplesse, le souci n’est pas là ! », ou encore : « Vous vous croyez meilleurs que tout le monde vous ! Tu connaîtrais mieux l’Islam que ceux qui y sont nés et y vivent depuis 50 ans ? » et le classique : « Ce sont des anciens ! Ne les brusque pas avec ça, tu veux les faire fuir de la religion ? » ; comme si on ne pouvait pas conseiller avec amour et délicatesse, comme si l’Islam s’héritait, comme si laisser mourir nos anciens avec de fausses croyances était une preuve de bonté à leur égard, et comme si le fait d’inviter les gens à n’adorer qu’Allah, Seul, sans rien Lui associer, était autre chose qu’une preuve de l’intérêt et de l’amour qu’on leur porte. N’avons-nous pas lu qu’Allah, Exalté soit-Il : { ne pardonne pas qu’on Lui associe qui ou quoi que ce soit } ?³

Sourire à deux vitesses

Les gens sourient lorsqu’on leur mentionne qu’avant l’Islam, certains sculptaient de petites figurines en pâte de dattes, les laissaient sécher, les prenaient ensuite comme divinités puis, lorsqu’ils étaient en voyage et pris par la faim, finissaient par les dévorer. Les gens sourient, c’est vrai. Pourtant, il en est parmi eux qui considèrent avec révérence la « main de fatma » et autres amulettes qu’ils se procurent au marché, dans le meilleur des cas. Ils sourient, c’est vrai. Mais ils les accrochent quand-même à leur rétroviseur ! Ils les accrochent autour de leur cou ou à l’entrée de leur maison ! Et lorsqu’une bonne chose leur arrive ou qu’un mal est évité, ils s’empressent de les embrasser à plusieurs reprises en guise de remerciement.

Quelle différence ?

Cet objet qu’ils embrassent n’était-il pas lui aussi, quelques semaines plus tôt, un simple bout de bois non sculpté ? ou une poignée de terre non encore façonnée ? En quoi pourrait-il protéger qui ou quoi que ce soit ? Quelle différence avec les figurines de dattes ? Et ce mort, à qui les gens s’adressent en espérant qu’il intercède pour eux plutôt que de s’adresser directement à Allah, Exalté soit-Il, le Seul en mesure de leur accorder l’intercession, quel pouvoir a-t-il de les exaucer ? Quelle différence entre leurs fausses croyances et les croyances d’avant l’Islam ? Où est le Tawḥîd dont tout le monde prétend avoir « fait le tour » et qui ne serait plus qu’une question secondaire ?

Bien malheureux qui se croit à l’abri

On étudie le Tawḥîd pour le comprendre et qu’il se concrétise dans nos vies, et on étudie le Chirk afin de nous en préserver, avec l’aide d’Allah. Mais comment faire se concrétiser dans nos vies ce qu’on n’a pas étudié et compris ? Et comment reconnaître une chose qu’on ignore ? Comment s’en protéger sans la connaître alors qu’elle est omniprésente dans notre paysage audio-visuel, répandue du domaine cultuel et culturel, jusqu’aux jouets, vêtement et même lectures de nos propres enfants ?

Un combat sans relâche

Il est des sujets qui blessent car ils heurtent nos passions de plein fouet, questionnent nos habitudes, nos pratiques et nous demandent de réels efforts d’apprentissage. Oui, venir à bout d’un mal demande des efforts, certains maux sont plus profonds que d’autres, et le Chirk est le pire de tous ! Lorsque le Prophète Ibrâhîm (sur lui la paix), figure du monothéisme pur, a demandé à son Seigneur : { Préserve-moi, ainsi que mes enfants, d’adorer les idoles ! }⁴ n’était-il pas plus en droit de se sentir « à l’abri » du polythéisme que nous ? Et lorsque le Prophète Mouḥammad ﷺ reçut à Médine le verset qui dit : { Sache donc qu’il n’est ‌de divinité [digne d’adoration] qu’Allah }⁵, après une vingtaine d’année d’appel au Tawḥîd, sans relâche, n’était-il pas plus en droit de prétendre avoir fait le tour de la question que nous ?

Ce n’est pas sans raison que certains nous présentent comme secondaires les seules croyances en mesure de sortir les masses de leur torpeur. Restons vigilants…

Aboû Aḥmad 

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1. Le Tawḥîd, c’est le monothéisme pur ; le fait de reconnaître l’Unicité d’Allah dans Sa Seigneurerie, Sa Divinité et Ses Noms et Attributs tout en Lui vouant un culte exclusif sans Lui associer qui ou quoi que ce soit. ↩︎
2. Le Chirk, c’est le fait de considérer quelqu’un ou quelque chose comme on doit considérer Allah Seul, Gloire et Pureté à Lui et qu’Il soit Exalté, et dans un domaine exclusivement réservé à Allah. ↩︎
3. Sourate An-Nissâ` (Les Femmes), Coran : 4/48. ↩︎
4. Sourate Ibrâhîm, Coran : 14/36. ↩︎
5. Sourate Mouḥammad, Coran : 47/19. ↩︎