Le pardon en Islam

Dans la bande dessinée Walad et Binti – le bien gagne toujours , Walad est confronté à la déception que peuvent nous causer les gens qu’on aime. On y apprend qu’une phrase libératrice peut parfois être difficile à prononcer et que vivre sans n’est pas non plus chose facile…

* * *

Un dilemme qui ne dit pas son nom¹

Lorsque tu aimes une personne, ton cœur s’ouvre et tu baisses ta garde. De là, il se peut que tu prennes des coups. Et plus l’amour que tu ressens pour cette personne sera fort, plus tu seras en confiance, et plus le coup sera douloureux. En réalité, les gens que tu n’aimes pas ont très peu de chance de t’atteindre. Car on ne peut pas être déçu d’une personne dont on n’attend rien. Quant à ceux et celles que tu portes dans ton cœur, ils sont les seuls à réellement être en mesure de te blesser. Alors que faire pour éviter les blessures ? Faut-il se priver d’aimer ? Se méfier de tout le monde ? Tout le temps ?

Souviens-toi du bien des gens

La colère est mauvaise conseillère, se taire en sa présence évite les grandes déclarations acerbes² qu’on risque de regretter par la suite. De même, cette colère fait perdre l’objectivité. Le Prophète ﷺ, lorsqu’il dit au croyant de ne pas détester une croyante, précise : « s’il déteste l’un de ses comportements, il est satisfait par un autre »³. Et cette règle dépasse le cadre du couple, il en est de même avec ton ami, ton proche parent ou encore ton enfant. Que ta déception ne te pousse pas à une rupture irréfléchie, souviens toi du bien des gens.

Les fils d’Adam commettent beaucoup d’erreurs

Vivre en tant que croyant, c’est cheminer vers Allah, Exalté soit-Il. Il y a l’idéal, la réalité et le chemin à parcourir entre les deux. Aussi bien toi que celui ou celle qui t’a blessé êtes sur ce chemin. Tiraillés entre votre envie d’être le compagnon idéal l’un pour l’autre et votre envie de vous laisser aller sans penser à qui que ce soit, le combat est quotidien. Parfois on glisse. Et lorsque l’un de vous deux tombe, il se peut que ses proches en paient les frais. Il se peut donc que ce malentendu qui vous sépare soit le fruit d’une faiblesse passagère de la part de l’être aimé. N’as-tu jamais perdu un combat contre ton âme toi ? 

N’aimerais-tu pas qu’Allah te pardonne ?

Allah, Exalté soit-Il, est pardonneur et Miséricordieux⁴, Il pardonne sans compter et accepte le repentir de ceux qui se repentent. Son Messager ﷺ nous a enseigné que tous les enfants d’Adam multiplient les erreurs, mais aussi que : « les meilleurs de ceux qui font beaucoup d’erreurs, sont ceux qui se repentent beaucoup ! »⁵ Et toi ? Qu’attendrais-tu de ton ami après ton repentir ? De ton épouse ? De ton frère ? De ton père ? De ton enfant ? Qu’ils te tournent le dos sans sommation – oubliant ainsi tout le bien que tu as fait pour eux – et sans t’accorder la moindre issue ? 

Tendre la main, pas l’autre joue…

Bien sûr que le musulman ne doit pas être naïf, et qu’il « ne se fait pas mordre deux fois depuis le même repaire. »⁶ Mais il faut faire la part des choses. Il faut savoir distinguer une personne nocive et mal intentionnée – qui ne te veut que du mal – d’un proche qui t’aime et que tu aimes, puis qui commet une maladresse, voir une erreur grave, et s’en repent.

Le juste milieu

D’un côté, demander pardon est un devoir pour celui qui commet une injustice à ton égard, c’est ton droit sur lui. En effet, le Prophète ﷺ à dit : « Celui qui a commis une injustice envers son frère, en portant atteinte à son honneur ou autre, qu’il lui demande pardon aujourd’hui, avant qu’il n’existe plus ni pièces d’or, ni pièces d’argent. »⁷ ; d’un autre côté, même si pardonner n’est pas une obligation pour toi, c’est une vertu, un signe de piété et un noble trait de caractère dont il est bon de se parer.  Enfin, tu dois savoir que celui qui fait preuve de miséricorde s’attire la miséricorde d’Allah, Exalté soit-Il, tout comme celui qui pardonne s’attire Son pardon. Le Prophète ﷺ à dit : « Celui qui ne fait pas miséricorde aux gens, Allah ne lui fait pas miséricorde ; et celui qui ne pardonne pas, il ne lui sera pas pardonné. »⁸

{ N’aimeriez-vous pas qu’Allah vous pardonne ? }⁹

Aboû Aḥmad

1. Un dilemme désigne une alternative contenant deux propositions contraires ou contradictoires, comportant toutes deux des inconvénients, et entre lesquelles on doit choisir. ↩︎
2. Qui cherchent à blesser. ↩︎
3. Mouslim n°1467. ↩︎
4. Il est ici fait allusion au verset 22 de la Sourate An-Noûr (La lumière), Coran : 24. Ibn Kathîr, dans son explication de ce verset évoque une très belle anecdote concernant le Compagnon Aboubakr As-Siddîq (qu’Allah l’agrée) et le pardon. Ne vous privez pas de sa lecture. ↩︎
5. Ibn Mâjah, authentifié par Al-Albânî. ↩︎
6. Mouslim 2998. C’est-à-dire qu’il ne tombe pas deux fois dans le même piège. ↩︎
7. Al-Boukhârî. ↩︎
8. Rapporté par Ahmad, jugé authentique par Al-Albânî. ↩︎
9. Sourate An-Noûr (La lumière), Coran : 24/22. ↩︎