Dans le premier recueil du Muslim Show, un dessin met en scène l’importance du regard que l’on pose sur le monde qui nous entoure et l’impact qu’il a sur notre manière d’envisager les choses. Ce que certains appellent une « vie de malheur ! », dans leurs excès de colère ou du haut de leur insouciance, ne l’est souvent qu’en fonction de la direction où ils regardent, ou de leur aveuglement…
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Faire une pause et ouvrir les yeux
Le temps passe vite et les jours se succèdent à une vitesse vertigineuse. Les cœurs se retournent pour des raisons aussi difficiles à cerner qu’un sentiment de mal-être ou une intention qui glisse. Et à une époque où tout nous est présenté comme accessible sans vraiment l’être, les bienheureux sont celles et ceux qui savent prendre du recul sur eux-mêmes, apprécier ce dont ils disposent et le privilège de leurs situations.
Quand le bienfait devient routine
Si prendre un café, au calme chez toi, ta famille en sécurité, un toit sur la tête, de l’eau à disposition et de quoi manger à ta faim ne t’apporte plus aucune satisfaction, il est temps de te ressaisir. Ta « routine » est l’idéal de millions d’individus, mais votre épreuve est différente. A eux, il leur est demandé de patienter. A toi, de faire preuve de reconnaissance.
L’ingrat ne l’est qu’à son propre détriment
En tant que servante, en tant que serviteur, tu dois sans cesse avoir à l’esprit que chaque bienfait dans lequel tu te trouves ou dans lequel se trouve l’une des créatures d’Allah, Exalté soit-Il, vient de Lui Seul. Le monde matériel et ses acteurs qui t’entourent n’en sont qu’une cause. C’est donc à Lui que revient la Louange, et c’est à Lui que reviennent les premiers des remerciements. Ne pas reconnaître les bienfaits dont nous disposons nous ferme les portes du remerciement et de la louange. Or, si ne pas remercier Allah, ni louer Sa Grâce à notre égard est déjà un mal en soi, c’est aussi une grande injustice dont il faudra répondre.
Savoir qu’on rendra des comptes
Un soir, les Compagnons Aboubakr Aṣ-Ṣiddîq et ‘Oumar ibn Al-Khaṭṭâb (qu’Allah les agrée) furent poussés par la faim à sortir de chez eux. Sorti pour la même raison, le Prophète ﷺ les rejoint et ils se dirigèrent ensemble chez l’un des habitants de Médine. Honoré de leur visite, il arracha une branche de dattes afin de leur en offrir sans tarder. Le Prophète ﷺ demanda à l’homme pourquoi il ne s’était pas contenté de cueillir les dattes plutôt que d’arracher la branche. Même affamé, il était plus soucieux d’éviter le gaspillage que de remplir son ventre ﷺ, et jamais la faim ne l’aura empêché de dire la vérité. Dans un récit semblable, après avoir mangé des dattes et bu de l’eau fraîche, il dit à ses Compagnons (qu’Allah les agrée) : « Vous serez interrogés à ce sujet au Jour de la Résurrection ! » ‘Oumar (qu’Allah l’agrée) prit la branche et la frappa à même le sol de sorte que même les dattes encore vertes se répandirent en direction de son interlocuteur et lui demanda : « Ô Messager d’Allah ! Serons-nous interrogés pour cela au Jour de la Résurrection ? – Oui ! répondit le Messager ﷺ, à l’exception de trois choses : Un bout de tissu avec lequel on dissimule ce qui doit être caché de notre corps, un bout de pain qui coupe la faim, et un trou de l’intérieur duquel on se protège de la chaleur ou du froid »1.
Fuir l’ingratitude
Notre Prophète ﷺ dormait sur une natte tressée qui laissait ses empreintes sur son dos béni, il louait la nourriture alors qu’il n’avait que du pain à tremper dans du vinaigre et appliquait deux pierres qu’il serrait au niveau de son estomac afin d’apaiser la sensation de sa faim intense. Un jour, un Compagnon demanda à sa femme ‘Â`ichah (qu’Allah l’agrée) ce qu’elle avait vu de plus merveilleux chez lui. Elle expliqua alors qu’un soir, il lui dit : « Laisse-moi me consacrer à l’adoration de mon Seigneur pour cette nuit ! » et qu’elle répondit : « Je jure par Allah que j’aime être près de toi, mais j’aime aussi ce qui fait ton bonheur… », ensuite il fit ses ablutions, pria tout au long de la nuit et pleura au point d’en inonder sa barbe, son giron et même le sol. Arrivé pour faire l’appel à la prière de l’aube (Al-Fajr), Bilâl (qu’Allah l’agrée) qui le trouva dans cet état et en fut étonné lui demanda : « Ô Messager d’Allah ! Tu pleures alors qu’Allah t’a pardonné tous tes péchés, antérieurs et à venir ? – Il répondit, qu’Allah le couvre d’éloges et le préserve : « Ne devrais-je pas être un serviteur reconnaissant ? »2.
Aboû Aḥmad
qu’Allah nous pardonne nos manquements et notre ingratitude innerante à l’être humain …
Amin !