Dans la bande dessinée La famille Foulane en ‘Oumrah, Partie 1, alors que Walad découvre la ville de Médine, il fait escale à la Mosquée de Qoubâ` dont il apprend l’histoire et quelques anecdotes. Après y avoir prié, il n’oublie pas d’invoquer en faveur de ses parents qui ont tant sacrifié, non seulement pour lui permettre de venir jusqu’ici, mais aussi pour lui donner une bonne éducation.
Privilégiés et conscients de l’être
Poser les pieds dans les rues de Médine et ses alentours est un privilège qu’Allah accorde à qui Il veut. Il en est de même de la présence d’esprit qui permet de réaliser où l’on se trouve alors, de réaliser combien chaque endroit est chargé d’histoires riches d’enseignements à notre portée, et qu’il faut savoir prendre le temps d’en profiter. D’une part pour se rappeler les bienfaits d’Allah à notre égard, à l’égard de notre communauté et de l’humanité toute entière, et d’autre part pour nous remettre sérieusement en question. Sommes-nous des serviteurs reconnaissants ?
Masjid Qoubâ`
Parmi ces endroits chargés d’histoire, il est { une Mosquée fondée dès le premier jour, sur la piété }1 fondée par { des gens qui aiment se purifier }2 des gens qu’Allah aime, et dont Il est satisfait ; une mosquée dont les vertus sont telles que notre Prophète bien aimé ﷺ s’y rendait chaque samedi, à pied ou sur sa monture, afin d’y accomplir une prière de deux rak’ah3, il a dit à son sujet ﷺ : « Quiconque se purifie chez lui puis se rend à la Mosquée de Qoubâ` afin d’y accomplir une prière, aura la récompense d’une ‘Oumrâh »4 Aussi lumineuse qu’imposante, c’est la deuxième des deux mosquées de Médine où prier a une vertu particulière, c’est la mosquée de Qoubâ`, un signe flagrant de l’arrivée du Prophète ﷺ à Médine, la première mosquée érigée par les musulmans.
Un mouvement décisif
Lorsque le Prophète ﷺ a quitté la Mecque afin d’émigrer à Médine, ce n’est rien de moins que l’histoire de l’humanité qui allait en être impactée ; et c’est de cet endroit que le Message de l’Islam allait se répandre aux quatre coins du monde. Demeure de l’émigration, lieu de descente de Jibrîl – sur lui la paix – et de la Révélation, deuxième terre sacrée de l’Islam, berceau de la fraternisation, Médine – illuminée par la présence du Messager d’Allah ﷺ et qui devint alors la première capitale de l’Islam – fut et restera un véritable refuge pour la foi et les croyants.
La fraternité par excellence
Accueillis par ses habitants, Al-Anṣâr – ceux qui se sont alliés à eux et leur ont prêté secours – les premiers musulmans ont trouvé à Médine une terre de refuge où pratiquer leur religion en paix, loin de l’hostilité des Qouraichs, cette puissante tribu de la Mecque qui martyrisait les plus vulnérables d’entre eux. Aimer les Anṣârs est le signe d’une foi complète avait annoncé l’envoyé d’Allah ﷺ : « Seul un croyant les aime, et seul un hypocrite les déteste. Celui qui les aime, Allah l’aimera ; et celui qui les déteste, Allah le détestera ! »1, et pour cause… En acceptant l’Islam, en lui donnant asile à lui ﷺ et à l’ensemble des premiers de ses Compagnons (qu’Allah les agrée), c’est non seulement la quasi-totalité des arabes qu’ils se mettaient à dos et à qui ils s’apprêtaient à tenir tête, mais aussi au reste du monde. Sa’d ibn ‘Oubâdah (qu’Allah l’agrée), le porte-drapeau des Anṣârs lors des batailles, dira un jour au Prophète ﷺ, lui signifiant ainsi leur soutien total : « Si tu nous demandais d’éperonner nos chevaux jusqu’aux confins de la terre, nous le ferions ! »2 Et jamais ils n’ont failli à leur engagement.
Koulthoûm ibn Al-Hidm (qu’Allah l’agrée)
Parmi ces hommes qu’Allah, Exalté soit-Il, a honoré de la proximité du Prophète ﷺ, il y a Khoulthoûm ibn Al-Hidm (qu’Allah l’agrée), un Anṣâr de la tribu des Aws, l’une des deux grandes tribus de Médine avec les Khazraj. C’était un homme âgé, il avait accepté l’Islam avant la Hijrah (l’émigration) du Prophète ﷺ à Médine, et vivait à Qoubâ`, un village composé alors de jardins et de palmeraies, et qui se situe de nos jours à un peu plus de trois kilomètres au sud de la mosquée prophétique. C’est chez lui que le Prophète ﷺ demeura lors de son arrivée à la périphérie de Médine. Décédé un peu moins de deux ans plus tard, avant la bataille de Badr, il est aussi considéré comme le premier des Anṣârs à être mort depuis l’hégire du Prophète ﷺ , qu’Allah l’agrée.
Sa’d ibn Khaythamah (qu’Allah l’agrée)
C’est un autre Anṣâr de la tribu des Aws, il jura allégeance au Prophète ﷺ lors du second serment à Al-‘Aqabah en qualité de représentant de son peuple. Voisin de Khouthoûm ibn Al-Hidm (qu’Allah l’agrée), c’est chez lui que se réunissaient les gens pour apprendre du Prophète ﷺ lorsqu’il arriva à Qoubâ` ; on appelait sa demeure « la maison des célibataires », car on y veillait tard le soir à la recherche de la Science. Sa’d resta dévoué jusqu’à la bataille de Badr, dont il fait partie des martyrs. Son père Khaythamah, quant à lui, fut martyr à Ouḥoud, qu’Allah les agrée.
Epilogue
Voici quelques-unes des figures que l’on peut citer lorsque l’on évoque la Mosquée de Qoubâ`. Plutôt que d’évoquer les murs, c’est ceux qui en ont posé les fondations que nous avons souhaité mettre en avant ici. Allah, Exalté soit-Il, a témoigné de la piété de leur geste dans Son Livre, ainsi que du fait qu’ils ont obtenu Sa satisfaction, et c’est donc de leurs vies qu’il faut s’inspirer. Apprendre à connaître les Compagnons du Prophète ﷺ fait augmenter la foi. Des croyants sincères, avec leur force et leur faiblesse, qui ont tout donné pour leurs idéaux et en sont sortis victorieux. Eux, ils ont gagné. Et dans les deux mondes. Qui peut en dire autant ?
Aboû Aḥmad
